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Published on: Entretiens

Laurence Font, COO, BNP Paribas CIB Mexique

Paroles de dirigeant à l’international

Les clés d’une réussite business à l’international

Laurence Font, COO, Représentant légal, BNP Paribas CIB Mexique

« Mieux on se connaît, moins on a envie de se faire la guerre »

Dès ses études, Laurence Font a commencé sa vie à l’international. Puis elle n’a cessé d’enchaîner des postes à responsabilités dans différents pays du monde. Aujourd’hui, elle est Chief Operating Officer chez BNP Paribas CIB Mexique. Elle nous révèle ce que chaque étape de son parcours à l’étranger lui a appris.

Quelques faits

1992 :  Banque Française du Commerce Extérieur – Etats-Unis
1996 :  Commerzbank — Senior Programmer Analyst – France
2000 :  UniCredit – Head of System Integration Department — Italie
2005 :  Barclays Capital – Head of Asia Pacific FO Support — Singapour
2012 :  Banorte (2ème Banque du Mexique) – Managing Director – Head of CIB IT
2018 :  BNP Paribas CIB – COO — Mexique

Mail :   laurence.font@mx.bnpparibas.com

Entretien mené par Antoine Leygonie-Fialko
Dialogue ouvert 
puis séance d’Executive Coaching
selon la méthode de CO-CREATiVE Communication®

J’ai rencontré Laurence grâce à Jean-François Levy, coach de Cadran implanté au Mexique. J’ai tout de suite senti en Laurence une grande « humaniste », profondément attachée à la dimension relationnelle des interactions professionnelles, et pleine de générosité à partager son expérience de multi-expatriée.

« États-Unis : une orientation très business et un management exemplaire »

Laurence, qu’est-ce que votre expatriation aux États-Unis vous a apporté ?

Quand j’étais étudiante, j’ai effectué ma dernière année d’école d´ingénieurs et un stage en Allemagne, au sein du programme, alors naissant, Erasmus, ce qui a marqué, pour moi, le début d’une aventure professionnelle à l’international riche en leçons de vie et de business. Je vivais dans une résidence avec des étudiants originaires de nombreux pays du monde (Inde, Chine, Cameroun, …). J’ai trouvé formidable de pouvoir être autour d’une table composée de nationalités différentes où chacun contribue à trouver des solutions. Cela m’a permis de comprendre que l’on pouvait interagir et échanger entre individus même lorsque chacun a une histoire et une culture différentes.

Quand, ensuite je suis allée aux États-Unis pour y travailler, j’ai surtout appris l’approche business des aspects techniques et informatiques. C’est là que j’ai compris que l’informatique était une discipline très créatrice qui se devait d’être au service des utilisateurs et des clients. Mon expatriation aux États-Unis m’a formée à ne pas simplement recevoir une demande et la traiter, mais aussi à devenir un partenaire du client, à le conseiller et à proposer des solutions. Pour en être capable, il était déterminant d’acquérir une connaissance fine du business. Encore aujourd’hui, je considère que cet apprentissage est l’une de mes plus-values principales dans mes fonctions.

Aux États-Unis, j’ai aussi découvert un management incroyable avec une méthodologie projet et des équipes de test très organisées et ultra engagées. Cela m’a permis de comprendre l’importance de la communication et du management pour motiver les individus et créer une dynamique d’équipe. J’ai vu la puissance d’une communication de qualité : les tâches et les responsabilités sont bien définies ; chacun sait ce qu’il a à faire, où commencent ses responsabilités et où elles s’arrêtent. Par ailleurs, aux États-Unis, je me suis sentie jugée en tant que personne et pas en tant que femme. C’est très agréable. J’ai ainsi vu l’importance que tous les jobs soient reconnus pour que chacun se sente motivé à contribuer. Finalement, aux États-Unis, j’ai compris que c’est l’équilibre entre une communication très claire sur les attentes et une valorisation de chacun qui crée une véritable dynamique d’équipe.

« France : la motivation paye »

Pourquoi décidez-vous de revenir en France ?

Lorsque je me rends compte que les États-Unis s’approprient tous les cerveaux du monde, je décide de quitter le pays. Étant donné que j’avais fait mon école d’ingénieur en France, vécu un an en Allemagne, et passé un peu de temps en Angleterre, je me suis sentie redevable envers l’Europe.

Grâce à mon séjour aux États-Unis, je rentre en France avec une maitrise de l’anglais, une ouverture d’esprit et la connaissance de technologies récentes, que possèdent très peu d’ingénieurs sur le marché national. J’ai un profil multitâche qui séduit le Directeur Général de la Commerzbank à Paris qui me sent suffisamment motivée pour apprendre le business tout en me payant un salaire aux standards américains très éloignés des grilles habituelles en Europe.

Je retiens surtout de mon séjour en France qu’il est possible de faire valoir sa compétence et de sortir du cadre, si l’on peut parler en tête-à-tête à un Directeur Général.

« L’Italie : l’importance de créer la confiance »

Après quelques années, vous repartez en Italie. Qu’y apprenez-vous ?

Dans la banque, l’atmosphère professionnelle en Italie est très masculine. À mon arrivée, il n’y avait pratiquement que des hommes. Au début, c’était dur parce qu’il m’a fallu prouver tout de suite de quoi j’étais capable. Mais une fois fait, cela m’a permis de développer plus de confiance, d’authenticité et de transparence avec tous mes interlocuteurs.

En Italie, en m’appuyant sur cette confiance, j’ai surtout appris à convaincre le management — et pour cela j’ai aussi dû apprendre la langue. Toujours dans les intérêts croisés, à la fois de la banque et de mon client, j’ai compris que je devais convaincre sans m’énerver. Et pour cela, j’ai puisé dans l’approche que j’avais apprise aux États-Unis : je m’efforçais de bien comprendre la logique du business de mon client et de m’y inscrire.

« Singapour : des équipes avec soif de connaissance »

Laurence, vous partez ensuite à Singapour. Quelle en fut la leçon ?

Dans l’univers multi-ethnique de Singapour, j’ai tout d’abord été fascinée de découvrir que, dès la première présentation, chacun annonce en toute simplicité sa nationalité et sa race.

Puis, sur le plan professionnel, ce qui m’a marquée chez les singapouriens, c’est leur rigueur au travail et leur désir d’apprendre que je n’ai jamais retrouvés dans aucun autre pays. Mes interlocuteurs voulaient non seulement apprendre comment fonctionne un logiciel et comment l’implémenter, mais ils voulaient aussi connaître les best practice du business.

Dans cette situation, il me semble que le plus important, pour un dirigeant expatrié, est de trouver l’équilibre entre ce que l’on peut apporter et ce que les équipes sont prêtes à entendre.

Pour cela, il est essentiel de mettre toute arrogance de côté et d’être humble pour s’adapter, gagner la confiance et toujours voir ce qu’on peut ajouter. Je pense qu’il est crucial de rester authentique pour mieux comprendre les équipes locales, c’est-à-dire saisir d’où les personnes viennent et quel a été leur parcours. En comprenant tout cela, il devient possible de leur donner les meilleurs conseils et apprendre en retour.

« Au Mexique, on reconnaît difficilement ses erreurs »

Enfin vous partez au Mexique. Qu’y avez-vous appris ?

Le Mexique constitue définitivement l’un des pays les plus propices à un développement professionnel et personnel. Ici, les gens sont relativement professionnels, mais ils ont beaucoup de valeurs, ce qui laisse aux expatriés expérimentés de grandes opportunités. À la différence de Singapour, au Mexique, il est possible de créer des relations fortes avec tout le monde. Dans la communication avec autrui, il existe un vrai contact.

Sur le plan professionnel, au Mexique, j’ai été marquée par le fait que les décisions étaient prises avec l’accord de l’ensemble des décisionnaires et rapidement. Ici, reconnaitre ses propres erreurs permet de gagner en crédibilité, car ce n’est pas très courant. Une fois que l’on obtient la confiance du management, on nous laisse beaucoup de liberté et la possibilité de proposer des solutions très innovantes.

En même temps, la culture du management mexicain rend difficile l’obtention de feedback ascendant. Souvent les équipes locales ne font aucune critique ou observation à leur patron. Cela peut monter à la tête de certains expatriés qui vont se sentir comme des dieux et perdre le contact avec la réalité.

« L’international : apprendre tout en apportant »

En conclusion, une vie professionnelle à l’international, c’est quoi ?

Une vie professionnelle à l’international, c’est avant tout l’opportunité d’apprendre tout en apportant, et d’avoir une évolution de carrière très rapide.

Aux jeunes d’aujourd’hui, je veux dire : « n’hésitez pas à vous lancer à la conquête de ce monde : il regorge de réseaux d’accueil incroyables ! Et rappelez-vous que plus on échange avec des gens d’autres pays, mieux on se connaît et moins on a envie de se faire la guerre ».

Regard sur une séance d’Executive Coaching selon la méthode CO-CREATiVE Communication®

Laurence, un mot sur notre séance d’Executive Coaching ?

Ce coaching a été très productif. Il m’a ouvert les yeux sur mes possibilités d’amélioration. Vous avez une écoute très active qui m’a permis de décortiquer ma situation pour progresser et trouver des solutions par moi-même. Lors du coaching par Zoom, je me suis sentie à l’aise dès le début : je n’ai pas vu de différence entre le coaching à distance tel que vous le pratiquez et un coaching traditionnel en présentiel.

Propos recueillis par Antoine Leygonie-Fialko.

ANTOINE LEYGONIE-FIALKO

International Executive Coach & Adviser

« Become an inspiring leader »

Antoine Leygonie-Fialko est International Executive Coach & Adviser, spécialisé dans l’accompagnement des dirigeants à l'international vers « une pensée Claire et Calme, Bienveillante et Puissante ».

Polytechnicien, Ingénieur des Ponts, Architecte et Docteur en Philosophie, il est fondateur de la Co-CREATiVE Communication® et de la société CADRAN qui opère mondialement. Auparavant, il a dirigé 7 sociétés, de la start-up au corporate, en France et à l’international (Europe, Eurasie, Afrique), dans diverses industries (bâtiment, internet, RH…).

Aujourd’hui, fort de plus de 3 000 heures d’Executive Coaching sur 5 continents et 40 pays, il intervient auprès de tout dirigeant à l'international qui vise un leadership d'excellence et souhaite développer toute la puissance qui sommeille en lui et ses équipes.

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