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Published on: Entretiens

Jérôme Jacek, Directeur Général, ID Logistics Brésil

Parole de dirigeant à l’international

Les clés d’une réussite business en Russie & au Brésil

Jérôme Jacek, Directeur Général, ID Logistics Brésil

« Entre la Russie et le Brésil, la vraie différence réside dans le style de management »

Arrivé en Russie en 2011 pour FM Logistic, Jérôme Jacek a pris, dès 2013, la direction de la filiale d’ID Logistics. En janvier 2019, Jérôme a quitté la Russie pour prendre la tête de la filiale du Brésil.

Quelques faits

2011 : Warehouse Complex Director – FM Logistic Russie

2013 : General Manager – ID Logistics Russie — 1200 personnes – 8 opérations (entrepôts dédiés mono clients)

2019 : Managing Director – ID Logistics Brésil — 4000 personnes – 40 opérations (entrepôts mutualisés)

Mail : jjacek@id-logistics.com
Site : www.id-logistics.com

Entretien mené par Antoine Leygonie-Fialko
Dialogue ouvert 
puis séance d’Executive Coaching
selon la méthode de CO-CREATiVE Communication®

« Mes vrais concurrents sont mes clients »

Jérôme, quel est votre business ?

Nous sommes un groupe de logistique contractuelle. Mon est de vendre des solutions de logistique « sur mesure ». Nous vendons de l’entreposage, des systèmes d’information pour les entrepôts, de la technologie, de l’innovation et des solutions transport.

Que voulez-vous dire par vendre de la technologie ?

Vendre de la technologie, c’est donner à notre client les moyens de gagner de la productivité, d’être plus compétitif et de faire baisser les coûts. Nous vendons des installations techniques, comme par exemple, le terminal radio, la , les convoyeurs, les balances permettant d’éviter les erreurs de … Faire davantage de digital permet d’accélérer les flux et d’augmenter la fiabilité, la rapidité et la productivité. Dans ce métier de , nous offrons une connexion fluide avec les gestions commerciales des clients. Nous vendons également des solutions transport, du TMS, en proposant à nos clients de l’optimisation de tournées, parfois, même, en intégrant leurs équipes transport dans nos entrepôts. Cette synergie facilite la communication avec les équipes logistique et transport. Aujourd’hui, les  d’indicateurs nous permettent de travailler pratiquement en temps réel.

Qui sont vos clients, en Russie et au Brésil ?

En Russie nous avons une forte dominante retail, avec des clients comme Auchan, Métro, des industriels comme Yves Rocher, Bacardi, le chocolatier United Confection et le e-commerce avec Shop and Show.

Au Brésil, nos grands clients retail sont Leroy Merlin et Carrefour. Nos clients FMCG industry (Fast Moving Consumer Goods) sont entre autres Henkel, Nivea, InBev/Ambev, Danone, Unilever. Nous avons aussi comme client Privalia (Vente-privee.com en France) et l’industrie cosmétique avec Puig, Estée Lauder, Shiseido. Notre principe est d’équilibrer un portefeuille avec 1/3 de retail, 1/3 de FMCG industry et 1/3 de e-commerce.

Qui sont vos concurrents et comment vous différenciez-vous ?

Mes vrais concurrents au Brésil sont mes clients que je dois convaincre d’externaliser. Ensuite nous sommes face aux concurrents étrangers classiques comme  et aux concurrents locaux comme . Aujourd’hui, une nouvelle forme de concurrence vient d’de  qui commencent à faire leur propre logistique. Enfin nous avons les spécialistes de la livraison du dernier kilomètre comme qui sont très bons. Avec une technologie pointue, ils intègrent les systèmes et commencent à utiliser très fortement l’intelligence artificielle.

« Un des facteurs clé de succès en Russie, c’est de travailler avec des Russes »

Que mettez-vous en place pour fidéliser vos équipes ?

Je fais ce métier parce que j’aime les gens : je les écoute, je leur demande de poser les problèmes sur la table et je valorise le travail d’équipe. En Russie, j’ai monté la filiale quasi de zéro. J’ai favorisé les promotions internes. Au Brésil, le contexte est différent. Nous sommes depuis 18 ans sur le marché.  s’y est développé rapidement et, depuis la crise de 2014-2015, c’est la récession. À mon arrivée, j’ai eu six mois de calage difficile avec des réorganisations et des optimisations de structure. À présent, j’ai construit une vraie relation de confiance avec les équipes.

Pour monter ces business, avec qui travaillez-vous ?

En Russie, j’ai travaillé principalement avec des Russes, mis à part deux VIE français. Je pense en effet que l’un des facteurs clé de succès en Russie, c’est de travailler avec des Russes.

J’ai aussi eu des rencontres spot avec des gens de métier différent. Cela m’a également beaucoup aidé.

Au Brésil, je viens de m’inscrire à la Chambre de Commerce et j’ai aussi rencontré des conseillers du commerce extérieur. Ces rencontres top-to-top, désintéressées, m’aident beaucoup à échanger et à comprendre.

« En Russie comme au Brésil, il y a un vrai pool de talents »

Jérôme, quels sont vos challenges pour les prochaines années ?

L’année dernière, nous avons lancé un projet qui s’appelle Connexion 2022. Avec ce projet, nous allons transformer la société en lui redonnant de la compétitivité avec davantage de valeur, de technologie, d’innovation, de digital et de process d’amélioration continue. Pour nos systèmes d’innovation et d’, nous avons engagé un partenariat avec des .

Comment faites-vous pour identifier les talents et les valoriser ?

Pour identifier les talents présents dans mon entreprise, j’organise des entretiens, j’accompagne les équipes chez le client ou dans les entrepôts afin de comprendre leurs actions et je m’appuie sur une vraie direction des ressources humaines qui déploie un plan d’assessment adapté à nos métiers. Prochainement, nous allons aussi développer un plan de formation sur le digital.

J’adore les Brésiliens comme j’adore les Russes. En Russie comme au Brésil, il y a un vrai pool de talents. Mon objectif est de leur transmettre tout ce qui se fait de mieux ailleurs, et de les préparer pour le futur.

Russie, Brésil, quelles sont les différences et les similitudes pour le business ?

Entre la Russie et le Brésil, la vraie différence réside dans le style de . Les Russes sont durs, avec une approche frontale. On trouve chez eux une vraie résilience sans doute liée à leur histoire et à des conditions de vie difficile dans un pays froid, où l’hiver est long. En Russie, il y a très peu de place pour les faibles. Il faut de la patience. Les patrons russes sont reconnus par leurs actions et leurs décisions, bonnes ou mauvaises. J’admire les Russes pour toutes ces raisons.

Le Brésil, à l’inverse, est un pays d’émotions, de soleil et de danse. Comme me l’a dit un conseiller du commerce extérieur, «  ». Généralement la « raison » est donnée par les Européens. Au Brésil, le professionnel et le personnel se mélangent toujours. Un jour, un collaborateur m’a dit que je ne l’aimais pas. Ça m’a frappé. On ne m’avait jamais dit cela en Russie. En fait, je n’aimais pas sa façon de travailler mais, lui, comme personne, je l’appréciais beaucoup.

La première similitude entre la Russie et le Brésil se situe au niveau de la bureaucratie. La Russie est un pays avec de nombreuses entités régionales (les républiques, les kraïs, les oblasts…). Le Brésil est un état fédéral où chaque État a sa fiscalité. Je dois donc intégrer cette dimension très compliquée dans ma stratégie en m’appuyant sur des avocats et des conseils.

Une seconde similitude se trouve dans leur esprit d’équipe. Dès qu’ils sont autonomes et en confiance, les Russes comme les Brésiliens ont un vrai goût pour le travail en équipe. Ils sont à la fois confiants dans le futur et très ouverts, notamment aux nouvelles technologies.

« Prendre le pays comme il est et rester humble »

Quels conseils donneriez-vous à un dirigeant qui voudrait faire une carrière à l’international ?

Pour réussir une carrière de dirigeant à l’international, la première chose c’est d’AIMER LES GENS et de PRENDRE LE PAYS COMME IL EST. Ensuite, il faut APPORTER DE L’ÉNERGIE POSITIVE et RESTER HUMBLE. Ici, je suis un . Je ne vais pas apprendre à des Brésiliens comment ça marche. Quand on est un dirigeant à l’international, il faut découvrir l’histoire du pays pour mieux comprendre les gens et se faire des amis natifs. Enfin, il ne faut surtout PAS FAIRE DE COPIER-COLLER DE SOLUTIONS MANAGÉRIALES car chaque pays est différent.

Jérôme, quelles erreurs avez-vous faites en Russie et au Brésil ?

En arrivant en Russie, je me suis positionné comme un  européen, plein de bienveillance. L’accompagnement bienveillant, c’est bien, mais en Russie cela ne fonctionne pas. Il vaut mieux ouvrir le capot du moteur, aller rapidement voir ce qui se passe et être réactif, tout en étant patient dans la relation.

Au Brésil, j’ai pris plus de temps pour appréhender les priorités car  y est présent depuis 2002. Le Brésil est un pays énorme, comme la Russie. L’État de Sao Paolo pourrait être le 21ème pays en termes de PIB, devant la Pologne ou la Suède. Ici, les charges administratives, les infrastructures et la structure managériale coûtent chers. On ne peut pas prendre de gros risques en révolutionnant tout, tout de suite.

Qu’est-ce qui vous a rendu service en arrivant dans ces pays ?

En Russie, ce qui m’a aidé, c’est le réseau. La Chambre de Commerce et l’APM, l’Association pour le Progrès du Management. Cette association, que l’on rejoint par cooptation, permet de grandir en tant que manager. En offrant dix conférences par an sur des thèmes variés, l’APM m’a permis de m’extraire de mon quotidien et de rencontrer des gens d’univers et d’âges différents. Avant mon départ de Russie, mes « amis » de l’APM m’ont donné des noms de personnes que je pouvais rencontrer au Brésil. Ça, ça vaut de l’or.

« Le travail avec les locaux, c’est cela la véritable immersion ! »

Jérôme vous êtes toujours actif dans le rugby. Qu’est-ce que cela vous apporte ?

En Russie, j’ai formé des enfants russes et français à la découverte du rugby. Au Brésil, je vais essayer de rejouer dans une équipe de vétérans. Le rugby, c’est pour moi un sport de solidarité et de mixité. Dans toutes les équipes dans lesquelles j’ai joué, l’avocat côtoyait l’ouvrier, ou l’ingénieur côtoyait le petit employé. Le manque de mixité dans les entreprises et dans la société en général me pose un vrai problème. Il faut de la mixité hommes-femmes, de la mixité ingénieurs-universitaires-autodidactes. C’est là-dessus que je veux travailler.

Les fondateurs d’ID Logistics, Eric Hémar et Christophe Satin, ont monté en 2005 une école dans les favelas à Rio où sont donnés des cours de logistique, d’éveil social, mais aussi des cours de Zumba. Pourquoi des cours de Zumba ? Parce que si on n’inclut pas les mères dans le projet, les enfants seront rattrapés par les trafiquants et la misère. Dans les favelas, seuls 2 ou 3 % sont des trafiquants. Le reste, ce sont des ouvriers. Aujourd’hui des jeunes issus des favelas et formés dans notre école IDEBRA sont devenus danseurs professionnels et d’autres travaillent dans nos entrepôts. Pour cette raison, je suis convaincu qu’il faut de la diversité dans nos équipes dirigeantes.

Un mot pour conclure ?

Je suis un passionné. J’adore la Russie et j’adore le Brésil. Dans chaque pays, mon approche passe par le travail avec les locaux. C’est cela la véritable immersion !

Regard sur une séance d’Executive Coaching selon la méthode CO-CREATiVE Communication®

Jérôme, un mot sur notre séance d‘Executive Coaching ?

C’était un moment d’écoute et d’échange avec des questions bien posées qui m’ont forcé à réfléchir. Ce coaching m’a permis de me centrer sur moi-même et d’être en introspection. Un tel arrêt par rapport au quotidien, c’est très important. C’était à la fois agréable et remuant ! Merci, Antoine, pour ce moment passé ensemble…

Propos recueillis par Antoine Leygonie-Fialko.

ANTOINE LEYGONIE-FIALKO

International Executive Coach & Adviser

« Become an inspiring leader »

Antoine Leygonie-Fialko est International Executive Coach & Adviser, spécialisé dans l’accompagnement des dirigeants à l'international vers « une pensée Claire et Calme, Bienveillante et Puissante ».

Polytechnicien, Ingénieur des Ponts, Architecte et Docteur en Philosophie, il est fondateur de la Co-CREATiVE Communication® et de la société CADRAN qui opère mondialement. Auparavant, il a dirigé 7 sociétés, de la start-up au corporate, en France et à l’international (Europe, Eurasie, Afrique), dans diverses industries (bâtiment, internet, RH…).

Aujourd’hui, fort de plus de 3 000 heures d’Executive Coaching sur 5 continents et 40 pays, il intervient auprès de tout dirigeant à l'international qui vise un leadership d'excellence et souhaite développer toute la puissance qui sommeille en lui et ses équipes.

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