Skip links
Published on: Interculturel

Japon — Comment réussir son intégration professionnelle ?

Carrière à l’international

Les clés d’un succès interculturel

Comment réussir son intégration professionnelle au Japon ?

Réussir son intégration professionnelle au Japon

  1. La Communication
  2. Le Comportement
  3. Le Management
  4. En savoir plus…

Quels sont les grands principes pour réussir sa communication professionnelle au Japon ?

Témoignages

Raphaël Del Rey, Chief Finance Officer de Holcim Russia, témoigne de son expérience dans l’entretien que j’ai mené avec lui :

« Pour le Japon, on m’avait dit « tu pleures deux fois, une fois quand tu arrives et une autre fois quand tu repars ». Cela s’est révélé très vrai. Pourquoi on pleure quand on arrive ? Parce qu’au Japon, non seulement il y a la barrière de la langue, mais il faut entre six mois et un an pour s’adapter — contre trois mois dans un pays de culture occidentale. Le jeton d’entrée au Japon a un coût d’adaptation supérieur aux autres pays. Comme occidental, on se sent un extraterrestre. Tout est vraiment extrêmement différent et l’anglais ne nous sauve pas : les Japonais ont un très faible niveau d’anglais, plus faible même que les Français ! »

Il poursuit : 

«  Je me suis aperçu que dans l’environnement professionnel japonais, j’avais une sorte de « compteur de conneries » qui comptait le nombre de fois où j’évoquais une bonne pratique réalisée dans un pays étranger. Et dès lors que j’ai atteint 10, les gens se sont arrêtés de m’écouter. Si je disais : « Savez-vous qu’en Inde… » alors plus personne ne m’écoutait. Pourquoi cela ? Ils n’écoutent pas tout simplement parce les Japonais ont cette présomption que quelque chose qui marche à l’étranger ne peut pas marcher de la même façon au Japon. Donc ça ne sert à rien de chercher à importer une bonne pratique de l’étranger au Japon, ça ne marchera pas. »

 

Robin Deblangy, CEO de Gontran Cherrier International, témoigne aussi de son expérience dans l’entretien que j’ai mené avec lui :

«  Le Japon est extrêmement différent de la Chine, qui lui-même est extrêmement différent de l’Indonésie. Souvent en France on pense ces pays similaires dans la culture mais ils sont totalement différents sur de nombreux points. C’est très enrichissant. »

 

François-Xavier Moreau, DG APAC, Président Japon & Corée, pour le Groupe Bel, témoigne aussi de son expérience dans l’entretien que j’ai mené avec lui :

« Au Japon, j’ai eu plus de mal à trouver un langage commun sur les sujets de développement et de finances, la barrière linguistique ajoutant une complexité supplémentaire. »

 

Analyse

Selon l’ISD qui a réfléchi aux différences culturelles entre la France et le Japon, voici quelques éléments qui permettent d’éclairer les difficultés de compréhension :

Alors que la logique occidentale suit une voie de raisonnement claire et linéaire, on passe de A à B puis C etc…. A étant la cause et B l’effet. Il y a un rapport de cause à effet. Ainsi opère la pensée cartésienne, on avance donc sur cet axe par une série de déductions successives.

  • La logique japonaise, elle, valorise l’axe analogique et associatif où les éléments se côtoient sans relation spontanée de cause à effet. Elle va associer A, B et C. Rappelons nous que l’idéogramme relève, non du concept, mais de l’image, non d’une logique analytique, mais d’une logique associative. Il est d’ailleurs intéressant de noter que l’absence de relations entre éléments (A, B, C, etc…) porte au Japon un nom particulier. C’est le MA, dont nous avons déjà parlé, soit l’intervalle dans lequel existe du vide et où subsiste du jeu entre deux éléments.
  • Comment les Japonais parviennent-ils dans ces conditions à une conclusion ? Le système appliqué est celui de l’approche globale. Ils associent dans un ensemble les informations collectées en posant les éléments les uns à côté des autres, tout comme on associe les images d’un puzzle pour parvenir à la solution. Il faut donc maîtriser l’ensemble des données pour arriver à la solution, d’où l’importance de la recherche des données. Il ne faut pas de pièces manquantes. Le système éducatif japonais valorise d’ailleurs le stockage et la mémorisation de l’information.
  • D’autre part, il faut rigoureusement assembler les données pour réussir à trouver une solution, d’où la rigueur des Japonais. Il y a, par contre, un inconvénient, cela prend du temps.
  • La tolérance des Japonais pour le « flou » les distingue franchement des Occidentaux. Alors que les Occidentaux ont tendance à penser en « Noir-et-Blanc »(oui/non, nous/eux, pour/contre), les Japonais sont beaucoup plus confortables avec des nuances de gris. (Les 16 nuances du OUI  et du NON ou les 16 façons d’éviter de dire non). Pour les Japonais, les problèmes sont rarement tranchés, avec une réponse simple et unique. Pour eux, les choses sont relatives et ouvertes. Les problèmes sont vus comme complexes, incohérents, et vagues, requérants des solutions diffuses et incrémentales plutôt que des solutions tranchées et drastiques comme proposées de façon courante en Occident.

Quel comportement faut-il adopter dans un contexte professionnel ?

Le comportement et la culture professionnels au Japon se distinguent de la France. 

Témoignages

Raphaël Del Rey, Chief Finance Officer de Holcim Russia, témoigne de son expérience dans l’entretien que j’ai mené avec lui :

« Les Japonais feront toujours les choses différemment, ne serait-ce qu’un peu, pour le principe. Et si une bonne pratique étrangère semble être vraiment intéressante, il faudra alors que ce soit un Japonais qui le décide pour qu’elle soit adoptée. Ce ne pourra pas être un étranger qui décide. C’est le Japonais qui va décider que c’est intéressant et qui va alors « japoniser » la bonne pratique. Dans tout ce mécanisme, l’étranger ne sert à rien. Ce qui a créé, en moi, un vide qui m’a forcé à réfléchir sur le thème « Il faut que j’arrête de ‘faire’ par moi-même. D’ailleurs, je ne sais rien, je ne peux pas, je ne connais pas le japonais, je ne fais que des bêtises comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Donc, il faut que je trouve un rôle qui soit seulement un rôle de leader : le rôle, non pas de celui qui fait, mais de celui qui comprend, qui connaît les limites à son action et qui est là pour apporter les valeurs du groupe, en les adaptant, pour trouver la meilleure manière dont elles puissent s’exprimer ». Finalement j’ai organisé beaucoup d’événements internes de team-building qui se sont avérés essentiels pour déceler puis solutionner – à la japonaise bien sûr – une situation de harcèlement qui perdurait depuis plusieurs années ! »

 

Robin Deblangy, CEO de Gontran Cherrier International, témoigne aussi de son expérience dans l’entretien que j’ai mené avec lui :

«  Au Japon, pour signer le contrat, cela nous a pris environ six mois. J’ai dû aller une dizaine de fois à Tokyo pour rentrer dans le détail de chaque point. »

 

François-Xavier Moreau, DG APAC, Président Japon & Corée, pour le Groupe Bel, témoigne aussi de son expérience dans l’entretien que j’ai mené avec lui :

« Au Japon, j’ai fait l’expérience du temps long. J’ai découvert un grand décalage avec l’occident en termes de dynamique de changement. D’une manière générale, j’ai trouvé une résistance au changement très forte, presque par défaut, une protection des acquis et une logique de freinage de la croissance. Au Japon, tout prend plus de temps, du moins à l’amorçage car l’exécution des équipes y est phénoménale. »

 

Analyse

Selon Umesao Tadao, dans son livre « Le Japon à l’ère planétaire » : le Japon n’est pas réellement occidentalisé :

«  La civilisation japonaise, à première vue, ressemble à la civilisation occidentale, mais en fait, elle est radicalement autre. Il n’est pas vrai que le Japon soit réellement occidentalisé »

« On parle d’occidentalisation mais c’est là une simple apparence car les éléments fondamentaux  de la civilisation japonaise n’ont subi aucune altération ».

« L’occidentalisation de la civilisation japonaise n’est en fait qu’une mince pellicule extérieure superposée à la structure stratifiée qu’est l’esprit japonais. Si nos hôtes venus d’Occident s’imaginent vraiment que le Japon s’est occidentalisé, ils commettent une bourde monumentale. Toute cette accommodation, toutes ces politesses à la sauce occidentale ne sont pas autre chose, si je peux m’exprimer, qu’un dispositif d’accueil déployé à grand effort par les Japonais. C’est comme dans ces maisons japonaises où seul un salon est meublé à l’Européenne mais où toutes les autres pièces ont un sol recouvert de nattes et pourvu de deux autels domestiques, l’un dédié au Bouddha, l’autre au KAMI. »
« La civilisation japonaise est une civilisation d’une autre sorte qui, très loin de l’Europe, tout au bout de l’Orient, a suivi une progression parallèle. Dans la forme, les points de ressemblance sont nombreux mais dans l’esprit la différence est énorme. »

 

Selon l’ISD : 

  • La KAISHA [autrement l’Entreprise] étant considérée comme une véritable nation, on ne saurait y mettre fin sauf incapacité avérée par la faillite.
  • C’est ainsi, par exemple, que le rachat d’une société par une autre société est, dans la tradition japonaise, banni de l’éthique nationale. Cependant, devant la crise et la compétition mondiale, ce principe tend à s’éroder. La concurrence entre deux entreprises est assimilée à une guerre entre deux nations. L’entreprise doit se battre pour assurer sa SURVIE, elle fait la guerre. Sa SURVIE va dépendre du territoire qu’elle occupe. L’objectif principal de l’entreprise n’est pas, de ce fait, le profit, mais comme nous le verrons plus loin la PART DE MARCHE.
  • Mais en fait plus qu’une stratégie de la part de marché, c’est un comportement, une stratégie instinctive. Il faut, coûte que coûte, maintenir son territoire. Se séparer d’une partie de son territoire est considéré comme une défaite. Ceci explique pourquoi la première des stratégies des entreprises japonaises, celle dont toutes les autres découlent est la STRATEGIE DE CROISSANCE.
  • La priorité donnée à la croissance conduit les dirigeants d’entreprise à raisonner dans une perspective volontaire de croissance continue. Il s’agit de poursuivre celle-ci inlassablement. Chaque entreprise se bat pour bénéficier de tout accroissement du marché si petit soit-il. Réactivité, innovation, qualité et flexibilité sont des stratégies qui vont permettre de satisfaire l’objectif de croissance que se fixe l’entreprise pour assurer sa SURVIE.

Quel est le bon style de management avec les Japonais ?

Le manager français au Japon doit adapter son style de management.

Témoignages

Robin Deblangy, CEO de Gontran Cherrier International, témoigne de son expérience dans l’entretien que j’ai mené avec lui :

«  Le système de management au Japon est très différent du nôtre : le respect de la hiérarchie se croise avec un respect de l’institution, de l’âge aussi. Quand quelqu’un est plus âgé, on l’écoute, ce que nous voyons beaucoup moins chez la jeune génération européenne. En France, les jeunes s’émancipent, donnent de la voix quand ils ne sont pas d’accord. Au Japon, cela existe peu. C’est un système beaucoup plus consensuel qui nécessite une certaine pratique afin que la mécanique fonctionne à plein régime. D’ailleurs au Japon nous avons une personne sur place qui en plus évidemment de parler Japonais nous représente et nous conseille afin que ces différences culturelles ne soient plus un frein. Je conseillerais à chaque personne qui souhaite s’installer au Japon de faire de même. Mais quel pays, quelle diversité, quelle richesse ! L’artisanat Japonais, la nourriture Japonaise, la valeur du respect. C’est le pays qui me surprend et je crois me surprendra toujours le plus. »

 

Raphaël Del Rey, Chief Finance Officer de Holcim Russia, témoigne aussi de son expérience dans l’entretien que j’ai mené avec lui :

« L’élément le plus fondamental du Japon, c’est que le rôle l’emporte sur l’individualité car la société est confucéenne. En arrivant au Japon, on doit tout d’abord comprendre son rôle et bien le remplir avant d’être soi-même. En tant qu’étranger, pour être accepté et arriver à avoir des relations satisfaisantes avec mes collègues, j’ai d’abord dû comprendre mon rôle et le remplir. Or le rôle que les Japonais donnent aux étrangers est en général assez restrictif, c’est-à-dire que l’étranger ne doit pas se mêler d’affaires de Japonais. L’étranger n’est pas là pour faire l’intermédiaire entre deux Japonais. L’étranger est là pour parler aux étrangers. Quand on est Directeur financier d’une entreprise internationale au Japon, selon la culture japonaise, on n’est pas là pour faire le management des employés ni pour gérer, par exemple, les relations entre les équipes de la Direction financière et les équipes de la Direction commerciale. Dans une filiale japonaise d’un groupe étranger, il y a deux hiérarchies : la hiérarchie japonaise et la hiérarchie étrangère. Dans la hiérarchie étrangère, le chef, c’est le CEO expatrié. Mais pour les Japonais, le chef, c’est le Japonais le plus ancien dans la fonction la plus élevée, dans mon cas le Directeur commercial. Du coup, cette double structure peut conduire à des situations assez absurdes dans lesquelles certains sujets importants ne sont pas discutés en comité de direction pour ne pas être tranchés par le CEO étranger. »

 

Analyse

Selon l’ISD : 

  • [Les Japonais ont une] TENDANCE GENERALE A SEPARER LEGITIMITE ET POUVOIR
  • La fonction impériale est une légitimité, elle est incarnée par une famille, elle est théâtrale. Mais le pouvoir est ailleurs. Celui qui, en principe, règne ne commande pas en réalité. Le premier est chargé de maintenir l’Unité et la cohérence du Groupe, l’autre d’exercer le pouvoir. Il y a donc une dualité des fonctions. Mais le Chef est responsable alors que l’Empereur ne l’est pas (puisqu’il est le Ciel), il sacralise les décisions. D’où le rôle du SHOGUN, chargé par l’Empereur de gérer l’Espace Japonais en s’appuyant sur la légitimité Impériale.
  • Dans toute société les individus sont réunis en groupes selon deux dimensions : horizontale ou verticale. La dimension horizontale se base sur la fonction. La dimension verticale sur la structure ou l’institution. Dans une entreprise donnée, agent de maîtrise ou directeur sont des fonctions, mais l’appartenance du personnel à l’entreprise renvoie à une structure.
  • La société japonaise a une structure verticale. La constitution des groupes sociaux s’effectue sur la base de l’institution. Ainsi, comme nous l’avons vu, les Japonais ont tendance à décrire un statut social en se référant à une structure-institution précise, plutôt qu’en indiquant une fonction assez vague.
  • La référence à la fonction est secondaire : « Lorsqu’un japonais se tourne vers l’extérieur, c’est-à-dire lorsqu’il rencontre quelqu’un et qu’il se présente, il a tendance à insister sur l’institution dont il dépend plus que sur le poste qu’il y occupe ». Il ne dira pas : « je suis typographe » ou « je suis employé » mais « je travaille dans telle société d’édition » ou bien « j’appartiens à telle ou telle compagnie ». La référence verticale, institutionnelle induit donc une conscience de groupe intense et homogène.
  • De même, les syndicats sont des organisations verticales, ce sont des syndicats d’entreprise et non des syndicats par branche.

Nos Articles sur le management interculturel au Japon

  • Tous les articles sur le Japon

En savoir plus sur notre accompagnement

Cadran propose un accompagnement dédié aux dirigeants qui souhaitent  réussir leur prise de poste à l’international, sous forme d’un training interculturel articulé avec un onboarding coaching.

Nos offres

  • Nos programmes individuels : 

Nos Articles  « Challenge »

Nos Articles « Coaching »

ANTOINE LEYGONIE-FIALKO

International Executive Coach & Adviser

« Become an inspiring leader »

Antoine Leygonie-Fialko est International Executive Coach & Adviser, spécialisé dans l’accompagnement des dirigeants à l'international vers « une pensée Claire et Calme, Bienveillante et Puissante ».

Polytechnicien, Ingénieur des Ponts, Architecte et Docteur en Philosophie, il est fondateur de la Co-CREATiVE Communication® et de la société CADRAN qui opère mondialement. Auparavant, il a dirigé 7 sociétés, de la start-up au corporate, en France et à l’international (Europe, Eurasie, Afrique), dans diverses industries (bâtiment, internet, RH…).

Aujourd’hui, fort de plus de 3 000 heures d’Executive Coaching sur 5 continents et 40 pays, il intervient auprès de tout dirigeant à l'international qui vise un leadership d'excellence et souhaite développer toute la puissance qui sommeille en lui et ses équipes.

Mes derniers articles Me Connaître