Quel COMPORTEMENT et quel style de COMMUNICATION faut-il adopter dans un contexte professionnel au Mexique ?
Témoignage
Jean-François Levy, Executive Coach de Cadran basé au Mexique.
« Du fait d’être étranger, l’expatrié jouit en général d’un certain prestige. Cela fait partie aussi de la culture. Il est bon de prendre conscience de cette image de chef, de savoir l’utiliser à bon escient et de ne pas en abuser. »
« En effet le Mexicain a beaucoup de fierté. Il faut donc porter un effort important à se montrer humble et diminuer ainsi les barrières entre les niveaux hiérarchiques. Aller saluer tous ses collaborateurs en arrivant tous les matins est par exemple une coutume courante, interpeler les gens par leur nom, s’intéresser à eux, à leurs vies. »
« On travaille beaucoup au Mexique, de nombreuses heures. Et le Mexicain s’exige beaucoup. Il n’est pas rare de le voir chercher à être le dernier à sortir du bureau ou travailler tard de chez lui. Il existe à la fois une crainte de montrer qu’on n’est pas à la hauteur et la peur de se tromper. Ceci peut se traduire parfois par un manque d’initiative, il hésitera à prendre des risques, ou cherchera s’il le faut à se justifier et rejeter la faute sur des causes hors de son contrôle plutôt que d’admettre son ignorance. »
Jean-François Levy continue :
« Les relations au Mexique sont extrêmement faciles. Les gens sont très ouverts et d’une grande amabilité, très serviables et hospitaliers. On se tutoie très facilement. »
« L’étranger est en général bienvenu et respecté. »
« Il faut cependant être vigilant, car cette ouverture de premier abord est limitée par l’existence de règles strictes de respect et de formalisme. »
« Pour cela il faut comprendre que la culture mexicaine moderne est issue de la fusion de la culture espagnole d’une part et des cultures indigènes préhispaniques d’autre part. De cette fusion nait un métissage fort inégal, caractérisé par une importante stratification sociale, économique et raciale. Durant la période coloniale, les Espagnols régnaient en maîtres, et appliquaient leur pouvoir sur les métis, qui à leur tour l’exerçaient sur le reste de la population. »
« Ces relations de pouvoir entre les couches sociales existent jusqu’à nos jours. Elles dépendent à la fois du pouvoir politique et économique de la personne, ainsi que de son origine ethnique et de son niveau d’éducation. »
« Le formalisme mentionné ci-dessus, est de ce fait une manière de maintenir la distance entre les diverses classes sociales, et d’affirmer le pouvoir de certaines classes sur d’autres. Par exemple, la marque de respect envers les personnes qui ont un diplôme, que l’on nomme toujours en faisant précéder leur nom par leur titre (Lic. pour celui qui a une licence, Ing. pour l’ingénieur etc..). »
« On retrouve ce formalisme dans la plupart des communications, verbales et surtout écrites. Le moindre mail ou message commence toujours par une phrase de politesse et son style est souvent indirect, on n’ose pas trop attaquer la question de face. Il faut parfois lire entre les lignes. »
Comment réussir une NÉGOCIATION au Mexique ?
Pour réussir une négociation professionnelle au Mexique, un français doit être attentif à diverses dimensions culturelles.
Jean-François Levy :
« Au Mexique on ne sait pas dire non. Cela vient sans doute aussi de la période coloniale, quand les subalternes n’osaient rien refuser aux personnes de pouvoir. Les négociations peuvent donc être longues et frustrantes. On croit être arrivé à un accord et découvrir ensuite que c’était une mise en attente. Il existe une certaine crainte de heurter les personnes en étant trop franc, ce pourquoi les réponses ne sont parfois pas claires. »
« Une des conséquences de ce refus de dire non est l’incompréhension, la surprise, lorsque soi-même on le prononce. Dire merci, « gracias », sera mieux interprété comme un refus que le non franc et direct. »
Quel est le bon style de MANAGEMENT avec les Mexicains ?
Le manager français au Mexique doit adapter son style de management.
Jean-François Levy ajoute :
« Comme je l’ai dit plus haut, le Mexicain est fier, donc susceptible. Il n’aime pas perdre la face, encore moins devant ses collègues. Il faut donc faire attention à ne pas le heurter, ne pas le critiquer ni le mettre en cause. Il est recommandé d’utiliser des outils de feedback où l’on ne traite que des comportements spécifiques de manière précise, et ne pas généraliser, pour éviter que la personne prenne l’observation comme une attaque personnelle. »
« Par ailleurs, il n’est pas rare que des reports directs s’adressent au manager pour lui demander de prendre une décision qu’ils pourraient très bien prendre eux-mêmes. Il est important de ne pas se laisser faire, de les inciter à prendre l’initiative et ne pas les laisser s’en sortir si facilement, sinon on se retrouve rapidement submergé de tâches gentiment déléguées par nos collaborateurs. »
« En résumé, il est important de répondre à la chaleur et la facilité des rapports de la part des Mexicains en étant soi-même ouvert, bienveillant et respectueux. Accepter les invitations, être moteur dans la construction de relations chaleureuses. Il ne faut cependant pas tomber dans la complaisance et surtout ne pas se montrer arrogant ou distant. »
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JEAN-FRANÇOIS LEVY
International Executive and Team Coaching
Jean-François Levy, International Executive Coach certifié ICF de niveau PCC, est spécialisé dans le Leadership Collaboratif. Il accompagne le dirigeant à l'international à "Prendre conscience de ses talents comme tremplin pour son épanouissement personnel et professionnel…"
Franco-mexicain de naissance, il a développé une expertise dans le développement organisationnel des PME et des entreprises familiales au Mexique, où il réside depuis 2000. Auparavant, il a exercé des fonctions de dirigeant au sein de grandes entreprises en Angleterre, en France et au Brésil, puis comme directeur des opérations au sein d'une PME familiale.
Avec plus de 30 ans d’expérience en management interculturel et la maîtrise de la Co-CREATiVE Communication®, il permet aux dirigeants d'exprimer leur style personnel de leadership tout en l’adaptant à la situation culturelle de leur organisation.