Skip links
Published on: Interculturel

Suède — Comment réussir son intégration professionnelle ?

Carrière à l’international

Les clés d’un succès interculturel

Comment réussir son intégration professionnelle en Suède ?

Réussir son intégration professionnelle en Suède

Le Comportement et la Communication

La Négociation

Le Management

En savoir plus…

Quel COMPORTEMENT et quel style de COMMUNICATION faut-il adopter dans un contexte professionnel en Suède ?

Le comportement en situation professionnelle et le style de communication en Suède se distinguent de la France.

Témoignages

Olivier Dussutour, CEO, Nexus Group (IN Groupe) témoigne de son expérience dans l’échange que j’ai eu avec lui :

« Quand un Français s’installe en Suède, il doit vite comprendre que la culture du travail est totalement différente. En France, être un « hard worker » est souvent bien vu : rester tard, travailler dur, sont perçus comme un signe d’implication. Mais en Suède, c’est tout l’inverse. Ici, quelqu’un qui travaille trop est souvent vu comme mal organisé. L’équilibre entre vie pro et vie perso est sacré, bien plus qu’en France. »

« Je l’ai vécu en arrivant chez Nexus. En tant que nouveau CEO, je voulais m’impliquer au maximum : comprendre les chiffres, les produits, m’adapter à mon nouvel environnement. J’ai donc travaillé énormément, pensant que cela allait être valorisé. En France, mes collègues trouvaient ça normal, voire admirable. Mais en Suède, on m’a rapidement fait comprendre que ce n’était pas un bon signal. Recevoir un mail de son patron à 23h est vraiment perçu comme stressant pour les équipes. »

« Autre choc culturel : la parentalité. En Suède, les enfants ne peuvent être gardés en pre-school avant l’âge de un an. Cela implique qu’hommes et femmes se partagent 12 mois de congé parental pour chaque enfant. A leur retour il est normal de retrouver leur poste, voire à d’évoluer professionnellement. En France, une telle durée de congé parental n’est pas systématique et souvent réservé aux femmes, et encore, plutôt pour un deuxième ou troisième enfant. En Suède il est normal que les pères partagent ce congé. L’entreprise gère leur absence sans forcément les remplacer. En France, ce serait une grosse source d’inquiétude. »

« En Suède, le travail passe après la vie personnelle. Les Suédois y tiennent, c’est ancré dans leur culture. En arrivant comme manager, c’est important de le comprendre et l’accepter. Essayer d’importer une mentalité “travailler plus pour montrer son engagement” peut être contre-productif. »


Sophie Desplats-Redier, Principal – Executive Search / Talent Management, Lincoln, témoigne également :

« La communication est assez pragmatique. Ici, on va chercher à être très efficace : des réunions courtes, des messages courts, et donc pas beaucoup de contexte, on répond directement à la question.
Au début, les managers français peuvent être un peu étonnés, voire agacés, parce que les personnes vont répondre seulement à la question posée, et ne vont pas dire « Attention, dans une autre situation… » »

« En Suède, on valorise le respect de l’équilibre vie perso, vie professionnelle. La famille et les besoins individuels doivent être pris en compte fortement.
Du coup, on ne reste pas tard au travail. Dès qu’un proche est  malade, on reste à la maison, et c’est normal. Un Français pourrait percevoir cela comme un désengagement des équipes, alors qu’en fait, c’est une perception qui est différente. D’ailleurs, quand quelqu’un  reste tard au travail, c’est mal vu. En Suède, on pense qu’il est mal organisé. »

« Résultat, les personnes n’ont pas de problème à dire « je ne pourrai pas finir ce travail aujourd’hui », quelle qu’en soit la raison.
De la même façon, quand on est dans une relation commerciale, le client va être tout à fait compréhensif, il va peut-être être moins bloquer sur les délais, parce qu’ici c’est normal, si la personne dit cela, c’est qu’elle a de bonnes raisons. On lui fait confiance. »

« Dès le départ, la confiance est haute. On part du principe que si un individu est à ce poste, c’est qu’il a les compétences pour. Donc, on n’est pas là pour le challenger. En revanche, si on est déçu, après c’est difficile de regagner la confiance. »

« Les Suédois peuvent avoir un côté un petit peu réservé ou moins expansif qu’en Europe du Sud, ou même en France. Pourtant, il faut savoir faire du small talk, même avec des gens qu’on ne connaît pas et s’intéresser à l’individu. Pour cela, il y a ce qu’on appelle le Fika : la pause café. Le Fika est vraiment une institution, et du coup il faut prendre ce moment. Là  on ne parle pas de travail. C’est très important de se réunir avec les équipes quelques minutes par jour, comme ça, pour parler de tout et de rien, c’est très apprécié. »


Nathalie Lorrain, Directrice associée de Itinéraires Interculturels :

« La société suédoise est une société égalitaire, où nul se met en avant. Il est mal vu d’attirer l’attention sur soi et sur ses réussites. Coopérer avec les Suédois, c’est avoir à l’esprit la loi de Jante. C’est un code de conduite inspiré par le roman « Un Fugitif » d’Aksel Sandemose rédigé en 1933 ; c’est un ensemble de règles prônant une certaine forme de modestie, accompagnée d’égard pour les autres. Cela consiste à faire en sorte que les autres ne se sentent pas inférieurs. Le Suédois va faire attention à rester dans la moyenne, à ne pas se montrer écrasant ni prétentieux. »

« Cette valeur se retrouve dans le Lagom. Le lagom est fait de minimalisme, de juste mesure, de simplicité et d’éthique, de modération répondant ainsi au concept de « moins mais mieux ». »

« Une bonne coopération avec les Suédois passe par une compréhension de la culture suédoise. Celle-ci est fortement imprégnée d’un héritage viking et luthérien. Le Suédois est pragmatique, ne croit que ce qu’il voit, ne se fait aucune illusion sur l’être humain. »

« La communication est directe et explicite. Un point de vigilance : le Suédois ne sait pas lire entre les lignes. La communication est informelle, parfois minimaliste, elle est neutre et ne laisse pas de place à l’affectif. »

« La société suédoise est une société paritaire. Chaque petite fille a un côté Fifi Brindacier, héroïne de romans à partir des années 1945. Elle est considérée comme une icône féministe, libre, indépendante, puissante et qui remet en cause les rapports de pouvoir entre adultes et enfants, entre garçons et filles. »

En suivant ces lignes directrices, vous pourrez mieux naviguer dans le contexte professionnel suédois et établir des relations de travail fructueuses et respectueuses.

Analyse

Dans un contexte professionnel en Suède, il est essentiel d’adopter un comportement respectueux et en accord avec les normes culturelles du pays. Voici quelques comportements à adopter pour réussir dans un environnement professionnel en Suède :

  • Communication professionnelle : Directe mais diplomatique : Les Suédois privilégient une communication claire et factuelle, sans pour autant être brusques. L’honnêteté est appréciée, mais il faut rester respectueux et éviter toute agressivité.
  • Peu de hiérarchie dans la prise de parole : Les échanges sont souvent collaboratifs, et tout le monde a le droit de s’exprimer, quel que soit son niveau hiérarchique.
  • Silence et écoute active : Contrairement à certaines cultures où le silence peut être gênant, en Suède, il est normal et même valorisé. Il traduit la réflexion et le respect de la parole de l’autre.
  • Utilisation du « lagom » : Ce mot suédois signifie « ni trop, ni trop peu » et reflète une approche modérée dans la communication : il faut éviter d’être trop expansif ou trop réservé.
  • Éviter l’auto-promotion excessive : L’humilité est une qualité importante. Mettre en avant ses réalisations est accepté, mais il faut éviter d’être perçu comme arrogant.
  • Ponctualité : Arriver à l’heure à une réunion ou un rendez-vous est une marque de respect. Un retard, même de quelques minutes, peut être mal perçu.
  • Équilibre entre vie professionnelle et personnelle : La culture du « work-life balance » est très forte. Les horaires sont respectés, et il est mal vu d’envoyer des e-mails tard le soir ou le week-end.

Comment réussir une NÉGOCIATION en Suède ?

Pour réussir une négociation professionnelle en Suède, un français doit être attentif à diverses dimensions culturelles.

Témoignages

Olivier Dussutour fait part de son expérience :

« En arrivant, j’ai découvert qu’en Suède, il est courant d’accepter le premier prix proposé par un fournisseur, sans négocier. Cela m’a choqué la première fois. Il y a une vraie aversion au conflit. J’ai donc introduit une approche plus « Europe du Sud », où tout se discute.
Côté clients, c’est la même chose : ils négocient moins. Mais attention, cela peut aussi jouer dans l’autre sens : si un prix semble trop élevé, le client peut écarter l’offre sans chercher à négocier, ce qui pousse à ajuster ses propositions dès le départ. »

« Pour ce qui est des salaires, c’est aussi très différent. Il y a de fortes attentes, surtout dans la tech, où les collaborateurs comparent souvent avec la Silicon Valley, sans forcément tenir compte du coût de la vie. Mais contrairement à la France, où une frustration peut être verbalement exprimée, ici, c’est plus subtil. Un employé ne dira jamais « c’est inacceptable », mais son body language parlera pour lui. Il ne réclamera pas ouvertement, mais il commencera à regarder ailleurs. »


Sophie Desplats-Redier continue :

« Ici la négociation c’est vraiment une recherche du gagnant-gagnant. Il y a moins de jeu de rôle, de stratégie pour pousser les limites de l’autre. On essaye de trouver le bon équilibre pour les différentes parties. »


Selon Nathalie Lorrain :

« Coopérer avec les Suédois nécessite une forte maîtrise de soi-même. Il ne faut jamais s’emporter et éviter le conflit. Le Suédois est tétanisé par le conflit et se mettra en retrait lorsqu’il arrive. Ainsi, il préférera répondre de façon positive à une demande, même s’il n’est pas d’accord, plutôt que de rentrer dans le conflit. »

Analyse

Réussir une négociation professionnelle en Suède nécessite une compréhension approfondie de la culture locale et l’application de certaines stratégies spécifiques. Voici quelques conseils pour réussir une négociation en Suède :

  • Les Suédois apprécient la rigueur et la transparence. Il est donc crucial de préparer des arguments solides, étayés par des faits et des données vérifiables.
  • Une négociation bien menée en Suède repose sur la logique et la rationalité plutôt que sur des émotions ou de la pression.
  • Il est essentiel de ne pas exagérer les bénéfices d’un produit ou d’une proposition, car la modestie et l’authenticité sont des valeurs fondamentales.
  • La communication suédoise est claire, directe et posée, sans agressivité ni emphase inutile. Le silence est normal et respecté : il n’est pas nécessaire de combler les pauses dans la conversation. Il faut éviter toute interruption et bien écouter son interlocuteur avant de répondre.
  • En Suède, les décisions sont souvent prises de manière collaborative. Même si une seule personne est en position de négociation, elle consulte généralement son équipe avant de s’engager.
  • Il est important d’être patient et de respecter le processus de consultation. Forcer une décision rapide peut être mal perçu.
  • Ne pas chercher à dominer la discussion ou à écraser l’autre partie. L’humilité est un atout. Il faut éviter l’auto-promotion excessive ou les démonstrations ostentatoires de succès.

En abordant les négociations avec un esprit ouvert et respectueux, vous augmenterez vos chances de réussite dans vos interactions professionnelles en Suède.

Quel est le bon style de MANAGEMENT en Suède ?

Le manager français en Suède doit adapter son style de management.

Témoignages

Olivier Dussutour, lors de notre entretien :

« En Suède, il faut vraiment être attentif à l’écoute et à la manière de prendre des décisions. Nous sommes dans une culture du consensus où une approche top-down ne passe pas du tout. Personne ne va hausser le ton en réunion, mais si une décision est imposée sans discussion, les collaborateurs vont se fermer, se désengager et, à terme, partir. Ici, il faut expliquer le pourquoi derrière une décision, sinon les équipes ne suivent pas. On ne peut pas juste dire « faites ça », il faut embarquer les gens.
Cela dit, il ne faut pas non plus tomber dans l’extrême inverse, où tout est discuté indéfiniment. Il arrive souvent qu’une réunion aboutisse… à une autre réunion. Il faut savoir trancher, sinon rien n’avance. Ceux qui arrivent à maintenir ce juste équilibre, en donnant de l’espace à la discussion tout en assumant une prise de décision claire, avancent plus vite que les autres. »

« En Suède, être manager demande une vraie intelligence émotionnelle. Il faut savoir lire entre les lignes, capter les signaux non verbaux et comprendre ce qui se joue en sous-texte. Ceux qui n’ont pas cette sensibilité auront du mal à s’imposer. Ici, le leadership ne passe pas par la force, mais par la capacité à écouter, expliquer et fédérer. »


Sophie Desplats-Redier, de son côté :

« En Suède, c’est très égalitaire, les hiérarchies sont très plates. Un français qui ne sait pas cela pourrait faire une grosse erreur de positionnement.
On dit souvent qu’un manager en Suède, lors d’une réunion, on ne sait pas forcément qui il est, on ne sait pas le reconnaître d’emblée de jeu, parce qu’il se met à la même hauteur que les autres. Il se sent membre d’une équipe, et du coup, il favorise un travail très collectif un management par le consensus. Effectivement, ici, on intègre les équipes dans les décisions. Cela ralentit le processus, mais il faut respecter ce moment de consultation pour pouvoir arriver à la décision car alors, une fois que la décision est prise, là, ça roule. »

« L’erreur pour un Français serai de prendre une décision et la communiquer, sans avoir bien pris le soin de laisser les personnes s’exprimer en amont. Alors le risque c’est que les choses ne se fassent pas parce que les personnes n’ont pas pu donner leur avis, et ça sera très mal interprété, c’est même irrespectueux. »

« Il y a beaucoup de délégation et d’autonomie dans la culture suédoise. Ce n’est pas du tout une culture de contrôle (par rapport à la culture française). Ici on fait confiance et le control freak n’est pas très apprécié. Il n’est pas compris en fait.
Exemple : on ne met pas en copie les gens dans les emails, on n’a pas besoin d’être en copie, les choses vont être faites, il n’y a pas de doute là-dessus, et le chef, on va le prévenir, on ne va pas l’embêter, on ne va pas le bombarder d’emails, car le niveau de confiance est important. »

« Bien sûr, il y a quand même un management par objectif, donc il y a des relevés de compteur, mais ça se fait peut-être à des périodes plus espacées. Et il y a plus de liberté sur la façon de faire. C’est le résultat qui compte. On ne regarde pas trop comment ça a été fait. Il y a donc moins de formalisme. »


Nathalie Lorrain continue :

« Manager les Suédois, c’est mettre en place le consensus. C’est la base de la société suédoise. Toute décision doit être prise par les collaborateurs impactés par cette décision. C’est un processus qui peut s’avérer long, mais il garantit un résultat. Si une décision est prise malgré tout sans consensus, les Suédois entreront dans un système de résistance passive. »

« La société suédoise étant une société du plein emploi, c’est à la fois une organisation basée sur le consensus et sur des règles clairement établies qui permettra la fidélisation des collaborateurs suédois. Les responsabilités individuelles et les périmètres d’actions doivent être clairement établis. »

« Les Suédois s’attendent à ce que le manager soit un facilitateur et non un expert. »

« En conclusion, pour coopérer avec les Suédois, gardez à l’esprit la loi de Jante :

  1. Tu ne dois pas croire que tu es quelqu’un de spécial !
  2. Tu ne dois pas croire que tu vaux mieux que nous !
  3. Tu ne dois pas croire que tu es plus malin /sage que nous !
  4. Tu ne dois pas t’imaginer que tu es meilleur que nous !
  5. Tu ne dois pas croire que tu sais mieux que nous !
  6. Tu ne dois pas croire que tu es plus que nous !
  7. Tu ne dois pas croire que tu es capable de quoi que ce soit !
  8. Tu ne dois pas rire de nous !
  9. Tu ne dois pas croire que quelqu’un s’intéresse/s’inquiète à ton sujet !
  10. Tu ne dois pas croire que tu peux nous apprendre quelque chose ! »

Analyse

  • La hiérarchie est peu marquée, et un manager n’est pas perçu comme une figure d’autorité absolue, mais plutôt comme un facilitateur.
  • Les employés attendent un management collaboratif, où les décisions sont prises avec l’ensemble de l’équipe.
  • Le style directif ou autoritaire est mal perçu. Il est préférable de guider plutôt que d’ordonner.
  • Les employés suédois apprécient une grande autonomie et attendent que leur manager leur fasse confiance.
  • Le micro-management est mal vu : chacun doit pouvoir s’auto-organiser et prendre des initiatives.
  • Les pauses, comme le « fika » (pause-café collective), sont essentielles pour renforcer la cohésion d’équipe.
  • Les Feedbacks sont donnés de manière factuelle, mesurée et constructive. Le conflit ouvert est évité au profit de discussions calmes et structurées. Plutôt que de critiquer directement, il est préférable d’exprimer des suggestions d’amélioration.

En adaptant ces principes aux spécificités de leur organisation et de leur secteur, les managers peuvent créer des environnements de travail productifs et harmonieux.

Nos Articles sur la Suède

  • Tous les articles sur la Suède

En savoir plus sur notre accompagnement

Cadran propose un accompagnement dédié aux dirigeants qui souhaitent  réussir leur prise de poste à l’international, sous forme d’un training interculturel articulé avec un onboarding coaching.

Nos offres

  • Nos programmes individuels : 

Nos Articles  « Challenge »

Nos Articles « Coaching »

Antoine Leygonie-Fialko

ANTOINE LEYGONIE-FIALKO

International Executive Coach & Adviser

« Become an inspiring leader »

Antoine Leygonie-Fialko est International Executive Coach & Adviser, spécialisé dans l’accompagnement des dirigeants à l'international vers « une pensée Claire et Calme, Bienveillante et Puissante ».

Polytechnicien, Ingénieur des Ponts, Architecte et Docteur en Philosophie, puis diplômé INSEAD, il est fondateur de la Co-CREATiVE Communication® et de la société CADRAN qui opère mondialement. Auparavant, il a dirigé 7 sociétés, de la start-up au corporate, en France et à l’international (Europe, Eurasie, Afrique), dans diverses industries (bâtiment, internet, RH…).

Aujourd’hui, fort de plus de 3 000 heures d’Executive Coaching sur 5 continents et 40 pays, détenteur du plus haut niveau de certification (ICF MCC « Master Certified Coach ») et plusieurs fois nominé « Top 5 International Executive Coach », il intervient auprès de tout dirigeant qui vise un leadership d'excellence et souhaite développer toute la puissance qui sommeille en lui et ses équipes.

Mes derniers articles Me Connaître